Attente.

Lassitude et attente intérieure.

Air patibulaire. Taire.

Le sans dessus dessous.

Sang rien.

Soif et faim de vie.

Ailleurs. Plus qu'un pas avant le trépas?

Et les traits passés...

Je ne suis pas un ange.

Ses cheveux bleus m'aveuglent.

Son rire me ravie.

Et ses doigts m'oppressent le coeur.

A trop serrer.

Et ses ongles rouges.

Autant qu'ses lèvres.

Je n'vois qu'elle en fermant les yeux.

Elle est mes souvenirs et mon ciel d'orage.

C'est fou comme l'ailleurs me dévore.

J'ai soif de rencontres.

Faim d'inconnu.

Les vérités m'attendent plus loin.

Il n'est pas de jeunesse sans folies.

Cet âge qui déchaine passions, débauches, ivresses,

étreintes charnelles, perditions.

Cette spontanéité et cette insouciance qui me dévorent du fin fond des tripes.

Comme un aurevoir a ce qu'on fut, ce qu'on sera.

Vivre au présent et tatonner de droite puis de gauche.

Se chercher la vie.

Parce qu'elle semble ailleurs.

La vraie vie. On ne tend plus que vers elle.

On la cherche dans la fumée de nos cigarettes.

Dans l'ivresse de ces soirées sans grâce.

Au bout de nos pauvres joints inssipides.

On la sent au delà.

Cette sale garce de vie qui semble t'il nous fuit.

Elle est ailleurs.

Ailleurs que dans ces draps inconnus.

Que dans le mélange des corps.

Que dans ce parfum de stupre qui nous colle à la peau.

Elle est au delà de notre conception.

Au delà de l'existence même.

Photo de Francesca Woodman.

Parfois on regarde les gens.

C'est comme si on vivait plus.

On voit les gosses grandir.

Oublier les secrets qu'ils avaient bien profond dans leurs ptits bides.

La vérité est éphémère.

On voit les vieux vieillir.

Les dents et les cheveux leur tombe.

Mais toujours ils se rappellent des chansons de leurs vingts ans.

Longtemps ils chanteront.

On sera tous là.

A table pendant qu'il gratouille sa guitare et qu'elle l'accompagne de sa voix éraillée.

On sera tous là pour chanter aussi.

Pendant que le temps caresse leur corps tendant vers la mort.

Ça sera une belle journée malgré tout.

Avec un bon gros soleil pour dire adieu.

Photo de heyjoyce.

Une putain d'peur qui m'assaille.

Le souffle court et le corps tremblant.

Une peur.

Peur panique du temps qui fuit.

Dans ma tête elle se tordait de douleur.

Elle hurlait au secours.

Mais personne l'entendait.

Une armée de sourds.

Elle griffait les murs de ses ongles mous.

Arrachait ses cheveux par poingées.

Elle se lacérait le corps.

Sombrait dans la tourmente.

Les yeux fous.

Presque la bave aux lèvres.

C'est un supplice innommable.

Elle hurle.

Elle pleure.

Ravale sa morve.

L'air lui manque.

Elle étouffe dans ses sanglots.

Et elle est seule.

Le silence l'oppresse.

Ses cris résonnent.

Les autres sont partis.

Mais où vont-ils?

Mais où vont-ils tous?

Elle s'arracherait le coeur et le boufferait si seulement elle pouvait...

Et moi j'restais assise là.

Incapable de bouger.

Et ça tournait au supplice dans ma tête.

J'en aurait chialé d'sa détresse et de tous ces autistes minables.

Et en me plantant devant ma glace j'ai regardé mes yeux.

Bleus.

Comme ces cheveux.

Ils gisaient par poignées par terre.

J'ai attendu le matin et Lolita s'est endormie.

J'suis encore plus seule qu'avant.

Photo de fuir-au-l0in.

Dans un autre monde.

Cette sale garce qui squatte ma tête.

Elle aurait peut-être droit à un peu d'air pur.

Même qu'elle en voudrait pas.

Et à un prénom.

Qu'elle aimerait pas.

Elle s'en foutrait.

De tout et tout l'monde.

T'façon sa vie elle est ailleurs.

Elle s'appellerait Lolita et elle serait détestable.

Une vraie peste.

Bourré d'amour mal donné.

Même qu'on dirait qu'son corps c'est celui d'un gosse.

Et qu'elle aurait de drôles de cheveux.

Bleus.

Mais il faudrait être ailleurs.

Photo de an0malie.